Séjour en Tarn-et-Garonne

tarn et garonne

En me relaxant dans le jacuzzi de l’hôtel Moulin de Moissac, je m’imprègne de la vue tranquille ainsi que des bulles. Au-delà de la fenêtre en arc de cercle du spa de la cave, le Tarn coule rapidement sous les arches de briques rouges du Pont Napoléon pour rejoindre la Garonne toute proche. Il y a un moulin sur ce site depuis les années 1400, mais après un incendie catastrophique en 1916, le bâtiment a été abandonné jusque dans les années 1930, où il a été transformé en hôtel. Mais dans les années 1930, les clients fortunés profitaient d’une expérience thermale d’un tout autre genre.

Moissac a connu une période brève mais captivante en tant que station uvale, un lieu dédié aux traitements de désintoxication à base de raisins de Chasselas locaux. Aujourd’hui, le raisin est très prisé pour la table, mais les curistes des années 1930 mangeaient les fruits et buvaient le jus principalement pour nettoyer et rééquilibrer leur corps. La Seconde Guerre mondiale a mis fin aux traitements dans l’uvarium du bord de la rivière, qui est maintenant un kiosque de restaurant avec des motifs de raisins Art Déco, mais Moissac reste un joyau du Tarn-et-Garonne, un département qui est non seulement l’un des plus petits de la France métropolitaine, mais aussi le plus récent.

Lassé de jouer les seconds rôles à Cahors, préfecture du Lot, les consuls de Montauban demandent à Napoléon de créer un nouveau département. Ainsi naît en 1808 le Tarn-et-Garonne, dont le territoire s’élève à six départements voisins : un peu de Lot-et-Garonne par-ci, un peu d’Aveyron par-là, un peu de Gers et une petite tranche de Haute-Garonne, une tranche de Lot et un peu de Tarn. La légende veut que l’empereur ait dessiné à l’aide de son poing sur une carte pour créer les frontières. Quoi qu’il en soit, le geste de Napoléon a créé un nouveau département avec une grande variété de paysages, des gorges spectaculaires aux collines ondulantes, des vallées fluviales tranquilles aux terres plates fertiles. Le Tarn-et-Garonne produit 80 % des fruits de l’Occitanie, dont les prunes, les cerises, les pommes et, bien sûr, le Chasselas.

Abbaye Sainte-Pierre

Prenez une voiture de location à l’aéroport de Toulouse et en moins d’une heure, vous serez dans la beauté de Montauban en brique rose. Mais j’ai commencé à Moissac, un peu plus à l’ouest, en me purifiant l’âme non pas avec du jus de raisin mais dans le cadre tranquille du cloître de l’Abbaye Saint-Pierre, classé par l’UNESCO.

La France a la chance de posséder des cloîtres super spéciaux, mais il serait difficile de trouver quelque chose de plus parfait spirituellement que ce trésor roman, avec chacun des 76 chapiteaux des piliers qui soutiennent sa colonnade sculptée de figures et de feuillages différents. L’église abbatiale telle qu’elle se présente aujourd’hui date du 11ème siècle et se vante d’une fabuleuse porte et d’un tympan sculptés, de murs peints et d’un groupe de figures en bois peint profondément émouvant lors de l’enterrement du Christ. À l’extérieur de l’église, vous pourrez admirer les jolies figures contemporaines de la mère et de l’enfant sur un banc public, les bâtiments Art déco, érigés après une inondation désastreuse en 1930, et le moulin historique.

En suivant le Tarn en amont de Moissac, je rejoins le canal de Garonne, qui relie Toulouse à Bordeaux. Cette prouesse d’ingénierie du XIXe siècle a permis de résoudre le problème des fluctuations du niveau du fleuve et de transporter des marchandises tout au long de l’année.

Juste à la sortie de Moissac, la voie d’eau artificielle traverse la voie naturelle sur l’élégant Pont-canal du Cacor. Après une forte pluie nocturne en amont, je trouve le Tarn coulant orange sous les arches de la brique rose de Toulouse. Le chemin de halage du canal est l’une des voies vertes les plus populaires de France, un sentier plat pour les cyclistes et les marcheurs, ponctué d’histoire, de nature et de lieux de restauration attrayants, comme, par exemple, le Bistrot Constant à Montech.

Abbaye de Belleperche

Quelques kilomètres plus au sud, sur les bords de la Garonne, l’abbaye de Belleperche a été fondée au XIIe siècle, reconstruite au XIIIe siècle, puis au XVIIIe siècle. Aujourd’hui, elle est surtout connue pour son exposition permanente « La Table est mise », une promenade fascinante à travers toute l’histoire sociale de l’art de la table, qui va des assiettes Tudor à la céramique et à la vaisselle contemporaines.

La Garonne se confond avec le Tarn quelques kilomètres plus au nord, à Saint-Nicolas-de-la-Grave, une bastide classique datant de 1135 et construite dans la brique rose caractéristique de la région. En 1658, elle est le lieu de naissance d’Antoine de la Mothe Cadillac, fondateur de Detroit, dans le Michigan, sous le règne de Louis XIV. Visitez le musée et découvrez comment ce français aventureux en est venu à donner son nom à une voiture. Un important parc de loisirs au bord de la rivière à Saint-Nicolas propose des activités de natation et de kayak, de camping et de pêche, mais le grand attrait en hiver est la réserve d’oiseaux, qui attire un grand nombre d’espèces migratrices et hivernantes.

Plus Beaux Villages

Auvillar, à proximité, est un lieu incontournable, l’une des trois communes contrastées du département classées parmi les Plus Beaux Villages de France, avec Bruniquel et Lauzerte. Port fluvial médiéval qui s’est enrichi grâce aux péages des bateaux de passage, Auvillar est l’un de mes PBV préférés partout, avec ses bâtiments anciens, sa terrasse panoramique au bord du fleuve et son marché couvert circulaire. J’arrive pour trouver la brume matinale qui plane encore sur les rues tranquilles, ce qui ajoute simplement à l’atmosphère de ce village.

Avec une longue histoire de fabrication de poteries, Auvillar accueille également une foire annuelle de la céramique à la mi-octobre qui attire des artistes et des visiteurs de partout. Vous pourrez admirer le mélange éclectique de figures de poterie disséminées dans la ville et visiter le nouvel Office de Tourisme des Deux Rives et le centre d’exposition.

D’Auvillar, je repars par Moissac jusqu’aux confins nord du département, où l’on m’a recommandé de visiter Montpezat-de-Quercy. Cette charmante Cité de Caractère est le genre d’endroit où je pourrais m’imaginer prendre racine, une petite ville de 1600 habitants avec des arcades médiévales et des vestiges de remparts, une porte du XIVe siècle et des vues panoramiques sur la campagne, mais aussi, ce qui est tout aussi important, un programme communautaire et culturel bourdonnant.

Ne manquez pas la Collégiale Saint-Martin avec ses cinq tapisseries flamandes du XVIe siècle représentant la vie de Saint Martin de Tours dans de magnifiques détails en couleur, ou la maison des Chanoines du XVe siècle derrière l’église. Ensuite, rendez-vous à Caussade, où travaille le chapelier Didier Laforest, et voyez si vous pouvez résister à un nouveau chapeau de sa boutique !

Après un séjour du samedi soir au Couvent de Neuviale, une charmante maison d’hôtes près de Parisot, je me dirige vers l’est, sur les bords de l’Aveyron, pour assister au marché du dimanche matin à Saint-Antonin-Noble-Val. En été, la rivière ici est éclaboussée de kayaks colorés ; en automne, l’eau est calme, mais le centre ville bourdonne de produits de saison et d’étals d’artisanat. Mais il suffit de tourner dans une petite rue tranquille pour retrouver l’ambiance des siècles passés. Les têtes sculptées des amoureux du Moyen Âge sur la Maison de l’amour, les élégants arcs et linteaux, et une foule de bâtiments historiques.

Suivez la corniche sinueuse de Saint-Antonin au-dessus des Gorges de l’Aveyron et vous vous retrouvez bientôt dans le plus beau village de Bruniquel. Ou du moins au pied de celui-ci. Bruniquel est également étonnant, avec ses rues étroites qui mènent à deux hauts châteaux construits côte à côte au bord de la falaise. Les cinéphiles reconnaîtront les lieux du film Le vieux fusil de 1975 avec Romy Schneider et Philippe Noiret.

Le vieux château de Bruniquel date du 13e siècle, le nouveau du 15e, et leurs intérieurs reflètent l’évolution des styles jusqu’au 19e siècle. Ne manquez pas la petite exposition sur les recherches archéologiques en cours sur les cercles de stalagmites brisées trouvés à 300 m sous terre. Datant de 176 500 ans à l’époque de Néandertal, ce sont les plus anciennes traces humaines souterraines au monde.

Ainsi à Montauban, sur les rives du Tarn, fondée en 1144 par les comtes de Toulouse pour protéger leurs territoires du nord, et aujourd’hui préfecture du tout nouveau département de Napoléon. Ville résolument protestante dans un pays majoritairement catholique, les fortifications octogonales de Montauban ont été détruites en 1629 par Richelieu, qui a fait construire une nouvelle cathédrale catholique au point le plus élevé de la ville. Construite en pierre blanche pour se démarquer de la brique rose de la ville, cette église de déclaration donne sur une grande place en cours de réaménagement en jardin public avec parking souterrain. Séjournez à l’Hôtel du Commerce pour une base conviviale dans la ville.

Les incontournables de Montauban

Une expérience incontournable pendant votre séjour à Montauban est de prendre une table de café sur la place Nationale, le cœur commercial et civique de la ville depuis le XIIe siècle. Reconstruite en brique rouge après un incendie en 1649, elle est dotée de rues à chaque coin et de doubles arcades sur les quatre côtés. Cherchez la règle du mètre qui se trouve à l’angle de la rue Princesse et de la rue Malcousinat, l’une des quatre seules en France et qui sert à mesurer les longueurs de l’épaisse toile de laine locale, ou caddis.

Montauban est également le lieu de naissance de deux artistes contrastés : le peintre Jean-Auguste-Dominique Ingres en 1787 et le sculpteur Antoine Bourdelle en 1861. Découvrez les œuvres de ces deux illustres Montalbanais dans le musée Ingres Bourdelle, récemment rénové, qui se trouve dans l’ancien palais épiscopal au bord du fleuve. Moins connue, mais tout aussi remarquable, est Olympe de Gouges, dramaturge du XVIIIe siècle et championne des droits des femmes. Exécutée par la guillotine en 1793 pour s’être opposée au gouvernement révolutionnaire, elle est fièrement commémorée à Montauban.

Avant de prendre le vol de retour à l’aéroport de Toulouse, il est encore temps de lever son verre à ce bijou de département au Château Boujac à Campsas. Ici, sur la rive gauche du Tarn, Michelle et Philippe Selle produisent du vin de Fronton AOP biologique, des variétés rouges et rosées composées d’au moins 40 % de raisins de Négrette. Vous pouvez déguster sur place et acheter au prix du vignoble, mais pourquoi ne pas aller plus loin ? Les visiteurs peuvent commander des paniers de pique-nique à déguster lors des promenades à la ferme, jouer à leur propre jeu d’évasion dans la cave ou réserver une expérience vinicole et gastronomique sur mesure. Trois très bonnes raisons pour moi de prévoir un autre voyage bientôt !